Radio-Canada - Publié à 8 h 22
Invoquant une pénurie de main-d'oeuvre à l’échelle nationale, plusieurs ministres provinciaux de l’immigration veulent avoir plus de contrôle sur le processus d’immigration dans leur province respective. Ils ont d’ailleurs envoyé une lettre à leur homologue fédéral pour réclamer des changements.
Dans une lettre envoyée mardi soir, des ministres de l’Ontario, de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba demandent à Sean Fraser, le ministre canadien de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, de permettre à leurs provinces de sélectionner davantage d’immigrants avec les compétences dont leurs provinces ont le plus besoin.
Nous devons avoir la capacité de répondre rapidement aux besoins des régions et des communautés spécifiques. Nous avons besoin de la flexibilité pour nous adapter à l’évolution des besoins économiques et humanitaires, peut-on lire dans la lettre.
« Nous sommes confrontés à une course mondiale pour recruter les travailleurs, car les gens du monde entier se cherchent un meilleur endroit pour construire une vie pour eux et leurs familles. »
— Une citation de Lettre des ministres de l’Immigration de l’Ontario, de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba au ministre fédéral Sean Fraser
À la veille d’une réunion avec le ministre Fraser et d’autres ministres provinciaux de l’immigration à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, les signataires de la lettre affirment que le Canada doit en faire davantage pour attirer et retenir les travailleurs, surtout dans des métiers spécialisés.
Sur les 198 085 personnes qui ont immigré en Ontario l’an dernier, la province était autorisée à en sélectionner 9000, ce qui représente environ 4,5 % d’entre eux, grâce au Programme des candidats à l’immigration de l’Ontario.
Monte McNaughton, le ministre du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences de l’Ontario, a indiqué à CBC que la province voulait que le gouvernement fédéral double son allocation pour que l’Ontario puisse choisir 18 000 immigrants qualifiés sur les 211 000 qui arrivent en Ontario cette année.
L’Ontario a obtenu une augmentation de 700.
Selon les données fournies par le ministère du Travail de l’Ontario, la plupart des quatre provinces ayant les chiffres d’immigration les plus élevés en 2021 avaient des pourcentages aussi faibles des immigrants qu’elles avaient sélectionnés.
L’Alberta a pu choisir 15 % de ses 39 950 immigrants et la Colombie-Britannique a sélectionné 9,3 % de ses 69 270 nouveaux arrivants.
Sean Fraser parle, assis à une table de presse.
Le ministre canadien de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser
La seule exception était le Québec, qui a sélectionné 55,8 % de ses 50 170 immigrants.
M. McNaughton a déclaré que les autres ministres provinciaux vivent la même situation en ce qui concerne la pénurie de main-d'œuvre, mais que le défi le plus sérieux se pose en Ontario, où 378 000 emplois ne sont pas pourvus. Il a ajouté que la province se concentre sur les soins de santé et les métiers spécialisés.
Il est donc plus logique que les provinces - en particulier l’Ontario - aient leur mot à dire sur les immigrants qualifiés dont nous avons besoin pour occuper ces emplois, explique le ministre.
Plusieurs façons d’obtenir la résidence permanente
En juin, le ministre Fraser a annoncé que le gouvernement fédéral travaillait à la création d’une voie plus rapide pour permettre aux travailleurs temporaires d’obtenir le statut de résident permanent.
L’an dernier, pendant huit mois, le gouvernement fédéral a offert à 90 000 travailleurs essentiels, travailleurs de la santé et étudiants internationaux une voie accélérée vers la résidence permanente. Ce type de programme est conçu pour attirer et retenir la main-d'oeuvre qualifiée.
Selon le ministre McNaughton, l’Ontario traite les demandes au Programme des candidats de l’Ontario dans un délai de 90 jours, alors que le gouvernement fédéral prend jusqu’à 42 mois dans certains cas.
Or, il dit que sa province a été la première à reconnaître les titres de compétences internationaux pour certaines professions.
« Nous voulons nous assurer que les nouveaux Canadiens qui sont en Ontario travaillent dans les domaines dans lesquels ils ont étudié. »
— Une citation de Monte McNaughton, ministre du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences
Si vous êtes ingénieur, si vous êtes architecte ou si vous êtes dans les métiers spécialisés, nous avons maintenant éliminé l’expérience de travail canadienne et simplifié les exigences en matière de tests linguistiques, indique M. McNaughton.
L’immigration n’est pas une solution miracle, dit-il, mais elle constitue un élément clé de la solution pour combler les pénuries de main-d'oeuvre.