Radio-Canada
Publié hier à 23 h 04
Les regroupements d’infirmières réclament une reconnaissance rapide des compétences des infirmières formées à l’étranger.
Razan Suliman a travaillé comme infirmière autorisée et sage-femme dans des hôpitaux de guerre et des camps de réfugiés. Pourtant, cinq ans après avoir entrepris le processus pour pouvoir travailler comme infirmière en Ontario, elle attend toujours.
C'est très, très frustrant, a reconnu Mme Suliman, qui vit avec son mari et ses trois enfants à Orangeville, en Ontario.
Arrivée au Canada en tant que réfugiée syrienne en 2015, elle fait partie des milliers d'infirmières formées à l'étranger qui veulent travailler en Ontario et qui pourraient aider à atténuer les pénuries de personnel qui forcent certains hôpitaux à fermer temporairement leurs urgences.
Le système auquel elles se heurtent est toutefois coûteux et complexe.
Les organisations d'infirmières et les réseaux hospitaliers estiment que le recrutement international est une solution à long terme alors que la province tente de retenir les travailleurs, qui sont épuisés et qui quittent massivement la profession.
Pour l'Association des infirmières et infirmiers autorisés de l'Ontario (RNAO) et l'Association des infirmières et infirmiers de l'Ontario (AIIO), il est de plus en plus urgent d'accélérer le processus d'octroi des permis de pratique aux infirmières formées à l'étranger.
Le système s'effondre et les patients souffrent, affirme Doris Grinspun, PDG de l'Association des infirmières et infirmiers autorisés de l'Ontario (RNAO). Ces collègues sont prêts, dit-elle. Ils ont simplement besoin que leur dossier soit traité plus rapidement.
Mme Suliman a entrepris ses démarches en 2017 auprès du Service national des soins infirmiers. Il envoie un rapport à l'organisme réglementaire provincial qui précise par la suite les exigences requises pour que le candidat obtienne son permis de pratique.
Razan Suliman a eu du mal à obtenir les documents nécessaires en Syrie, un pays en guerre, mais a finalement pu soumettre son dossier à l'Ordre des infirmières et infirmiers de l'Ontario. On lui a demandé de suivre 16 cours au collège.
Avec le soutien de son mari, qui travaille comme vendeur de voitures d'occasion, elle a étudié au Collège George Brown de Toronto et compte passer son examen en août.
Je comprends que ce sont les règles, mais tout était difficile, reconnaît-elle.
Des infirmières marchent de dos dans le corridor d'un hôpital.
Les démarches pour pouvoir travailler comme infirmière en Ontario sont longues pour les infirmières formées à l'étranger.
Le commissaire à l’équité de l’Ontario a noté que l’Ordre des infirmières et infirmiers de l’Ontario avait accumulé des retards pendant la pandémie. En 2020, 14 633 infirmières formées à l'étranger voulaient obtenir leur permis de pratique. Un peu plus de 2000 l’ont reçu.
La porte-parole de l’Ordre, Kristi Green, a expliqué que l’organisme réglementaire n’avait pas en main les chiffres sur le nombre de candidats qui sont en processus d’approbation ou sur les délais actuels.
L’Ordre a pris des mesures récemment pour accélérer le processus, notamment en modifiant les exigences linguistiques et en créant un partenariat avec la province pour offrir des occasions de pratique supervisée.
Il affirme qu’il avait traité près de 4000 demandes à la fin du juin, plus du double de l’an dernier à pareille date. L'organisation envisage aussi de mettre à jour ses politiques sur les preuves de pratique, l’éducation et la vérification de casier judiciaire pour rendre le processus plus efficace.