Des militants LGBTQ2S+ réclament des timbres en l’honneur de deux pionniers du mouvement

Un organisme de Vancouver réclame que des timbres soient créés en l’honneur de deux pionniers du mouvement LGBTQ2S+, afin de ne jamais oublier les longues années de lutte que les militants ont menées pour pouvoir s’exprimer librement.

La Société Dogwood Monarchist, un organisme qui a pour but d’unir la communauté LGBTQ2S+ et de soutenir des oeuvres de charité, affirme que les deux figures de proue ted northe et Laurie McDonald ont défriché le terrain à une époque où s’exprimer ouvertement pouvait mener à la prison.

ted northe, qui préférait écrire son nom en lettres minuscules, a milité pour la décriminalisation de l’homosexualité au Canada, ce qui a enfin eu lieu en 1969. En 1958, ted northe avait manifesté devant le palais de justice de Vancouver dans ses vêtements de drag queen en tenant une pancarte disant Je suis un être humain, raconte Tee Kow, porte-parole actuel de la société Dogwood Monarchist sous son nom de drag queen, Empress Fancy.

« La campagne de timbres, c’est pour reconnaître ted northe et son travail de pionnier. C’est pour célébrer les libertés que nous tenons pour acquises maintenant, comme les festivités de la fierté. »

— Une citation de  Empress Fancy, porte-parole, Société Dogwood Monarchist

La deuxième personne que la société veut reconnaître avec un timbre est Laurie McDonald, un militant bispirituel de la nation crie Enoch en Alberta qui a créé, il y a plus de quarante ans, la société Native Cultural du Grand Vancouver, un organisme qui milite pour les droits des personnes bispirituelles.

Lorsqu’il était jeune, Laurie McDonald a été envoyé dans un pensionnat pour Autochtones, mais malgré le fait qu’on lui a interdit de parler sa langue maternelle, il l’a réapprise et a travaillé toute sa vie pour promouvoir les droits des personnes bispirituelles, notamment comme travailleur social.

La société encourage les gens à écrire des lettres à Postes Canada afin de convaincre l'organisation de créer des timbres en l’honneur de ted northe et Laurie McDonald.

Dans un courriel, un porte-parole de Postes Canada n'a pas dit si la société d'État allait considérer la demande, mais a écrit que toutes les suggestions de timbre sont traitées et soumises au Comité consultatif sur les timbres-poste pour considération.

Un lien personnel

Tee Kow affirme que c’est facile de tenir pour acquis tout le travail qui a été fait dans le mouvement LGBTQ2S+. Lorsque ted northe était jeune, il n'avait pas de modèles gay ou lesbiens, il a dû devenir son propre modèle, rappelle-t-il.

Tee Kow, qui a grandi dans les années 80 et qui a révélé son homosexualité dans la vingtaine, peut se reconnaître dans l’histoire de ted northe.

C’était encore assez refoulé à l’époque. On était en plein milieu de la crise du sida. Je me souviens être adolescent et jeune adulte, et croire que si j’embrassais un autre homme, j’attraperais le sida, se souvient-il.

« J'ai appris à être moi-même à la mi-quarantaine. Quand j’ai entendu l’histoire de ted northe, ça m’a encouragé à oser aller de l’avant, et aussi à faire un genre de rattrapage pour le temps perdu. Pour moi, je n’ai pas osé faire du drag avant la quarantaine. »

— Une citation de  Empress Fancy, porte-parole, Société Dogwood Monarchist

Une drag queen en robe de soirée.

La drag queen de Tee Kow, Empress Fancy.

Tee Kow n’a que du respect pour les défricheurs de terrain qui l’ont précédé. La drag queen de ted northe était une autre espèce de drag queen. C’était le début. Il n’y avait pas de vidéos YouTube lui montrant comment faire son maquillage.