Des Ukrainiens fuient la guerre, mais peinent à se loger au Canada

Radio-Canada 28 novembre 2022

« Il n'y a pas grand-chose. Ce n'est pas facile trouver du logement ici », dit Lilia Simerenko. Après seulement quatre jours au Canada, la citoyenne ukrainienne réalise l’ampleur de la crise du logement qui accable les Canadiens de partout à travers le pays.

À Moncton, au Nouveau-Brunswick, il y a peu d’appartements inoccupés, et les loyers sont de plus en plus chers.

Cette semaine, Lilia Simerenko dort à l’hôtel, à Moncton. Elle désire simplement une chambre pour son fils, que ce soit un appartement ou une location dans la maison de quelqu'un.

Elle dit qu'elle peut se permettre de 1000 $ à 1200 $ par mois. Je ne cherche pas ce qu'il y a de moins cher... mais pas loin, reconnaît-elle.

Ce n'est pas tant le prix qui l'inquiète, a-t-elle affirmé dans une entrevue, dimanche à Moncton, mais le fait que le choix est très limité. Elle croit aussi que le temps des Fêtes qui approche complique sa recherche.

Face aux Ukrainiens, des propriétaires frileux

L’Ukrainienne Alice Sokolova, arrivée au Canada le 21 novembre, a un peu plus de flexibilité : entre 1200 $ et 1500 $ par mois, car son mari a déjà un emploi. Mme Sokolova et son compagnon ont un endroit où vivre pour deux mois, et il est partiellement payé par l’employeur.

Nous sommes logés ici pour deux mois. C’est un délai qui est assez long pour trouver un logement permanent. Maintenant, nous sommes en train de chercher un peu partout, dit-elle. À peu près la moitié des gens ne répondent pas. C’est une difficulté qu’on a rencontrée.

Aussi, on a appris qu’il y a certaines personnes qui ne veulent pas louer un logement aux Ukrainiens, parce qu’ils ont peur qu’ils n’aient pas les moyens de le payer ensuite, ajoute Alice Sokolova, dans une conversation dimanche qui s’est déroulée avec l’aide d’une interprète qui parle français et ukrainien.

La nouvelle arrivante raconte que le couple a pourtant commencé à chercher par Internet deux mois avant d’arriver au Canada, dans l’espoir de trouver de l’hébergement, ou au moins pour avoir un portait du marché locatif du Nouveau-Brunswick.

Deux mois avant, les prix étaient un peu plus bas que maintenant, a-t-elle mentionné dimanche. Aujourd’hui, le prix est à peu près 1700 $ [par mois] pour un appartement. Je trouve que c’est un peu cher, mais on est toujours en train de chercher quelque chose qui nous correspond.

En plus de ça, la liste des dépenses supplémentaires s’allonge. Alice Sokolova a vécu quelque temps en Pologne après avoir quitté l’Ukraine, plus tôt cette année. Elle raconte y être arrivée juste avec une petite valise, et avoir trouvé un logement avec tout sur place.

Au Canada, le premier logement va être très coûteux pour nous, parce que les appartements sont vides, poursuit-elle. Parmi tout ce que j’ai visité, il y avait juste un appartement qui était meublé. On va devoir acheter vraiment tout ce qui est nécessaire, même les fourchettes.

Elle se prépare à emménager dans le premier logement le moindrement convenable. J’ai constaté qu'il n'y a pas beaucoup de nouvelles annonces qui apparaissent, dit-elle. Nous, on a un délai précis pour quitter ce logement qui est payé partiellement par notre employeur. L'appartement qu'on choisira, ce ne sera pas vraiment un appartement qui nous plaît. Parce qu’on a un délai limité, on sera obligé de prendre l'appartement qui sera disponible ce jour-là.

Le choix d'une nouvelle vie au Canada

Malgré les difficultés, les deux femmes envisagent l’avenir avec optimiste. Je sais que je trouverais, lance Lilia Simerenko. Elles sont aussi rassurées par l’accueil des Néo-Brunswickois jusqu’à présent.

Ça va mieux que ce à quoi je m’attendais, parce que les gens sont adorables, très amicaux et ouverts aux nouveaux arrivants. Je me sens comme à la maison, déclare Mme Simerenko. Elle est aussi reconnaissante de pouvoir partager ses premières impressions, dans sa langue maternelle, avec des Ukrainiens déjà installés au Nouveau-Brunswick.

Lilia Simerenko raconte avoir quitté l'Ukraine seulement trois jours après le début de l'offensive russe, à la fin du mois de février. Celle qui n'avait jamais quitté son pays natal a été hébergée avec son fils par sa meilleure amie, qui vit à Berlin.

Mère et enfant sont ensuite partis en France parce que j'ai toujours voulu apprendre le français, dit-elle. Un de mes rêves se réalisait, j'ai commencé à apprendre le français là-bas.

Mais le marché de l'emploi n'était pas idéal en France, explique-t-elle. Maîtriser le français prend du temps et je parle déjà anglais, c'est pour ça qu'on est déménagés au Canada.

Alice Sokolova a dit trouver les Canadiens gentils, souriants et sincères. Au milieu de cette frénésie, Moncton la dépayse moins que prévu.

Pourquoi Moncton? Parce que c'est très important d’avoir un climat qui ressemble plus ou moins à celui de ma ville natale, dit-elle. Mon mari a trouvé un bon endroit où, en plus, il peut avoir du travail.