Des Ukrainiens LGBTQ exhortent les Canadiens à les accueillir chez eux

Radio-Canada 8 janvier 2023

Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, des militants LGBTQ+ ukrainiens demandent à leurs sympathisants canadiens de les accueillir chez eux au Canada, dans le cadre d’un projet baptisé Friendly Homes.

Les organismes Pride Kiev et Pride Kiev Canada, qui défendent les intérêts de la communauté LGBTQ+, invitent ceux qui le veulent à aider les Ukrainiens homosexuels à trouver refuge au Canada.

Nous considérons le Canada comme la meilleure option pour de nombreux Ukrainiens LGBTQ+. C'est un pays progressiste avec une importante diaspora ukrainienne, souligne le directeur général de Pride Kiev, Lenny Emson.

Selon le projet Friendly Homes, plus de 100 Ukrainiens LGBTQ+ ont déjà demandé de l'aide pour déménager au Canada. Ce sont les plus marginalisés, affirme le fondateur du fonds de soutien We Support LGBTQ Ukraine, Andrew Kushnir, soulignant qu’en plus de la guerre dans leur pays, ils sont confrontés à la discrimination au sein de la société ukrainienne.

Une expérience dont témoigne l’Ukrainien Andrii Zarytskyi, militant LGBTQ+ venu se réfugier au Canada en mai dernier, avec sa mère et son partenaire. Dans son village du sud de l’Ukraine, d’où il est originaire, M. Zarytskyi dit avoir été plusieurs fois victime d’intimidation. Selon lui, les crimes haineux contre la communauté LGBTQ+ en Ukraine sont en hausse depuis l'invasion russe. Certaines personnes ont été kidnappées parce qu’elles étaient gaies, dit-il.

Dans ce contexte, l'objectif principal du projet Friendly Homes est d'aider les gens à s'installer dans un environnement sans homophobie ni transphobie, souligne Lenny Emson.

Andrew Kushnir précise toutefois que les réfugiés peuvent appréhender l'arrivée dans leur nouveau pays. Des gens m’écrivent régulièrement pour dire qu’ils ont le visa et qu’ils sont prêts à acheter leur billet d'avion. Mais ils se demandent ce qui va se passer en arrivant.

  1. Kushnir ajoute que les futurs immigrants ignorent quelles communautés ils trouveront, et comment ils seront accueillis au Canada. Ils ne savent pas vers qui s’orienter, dit-il.

Pour leur faciliter la tâche, le projet Friendly Homes appelle les Canadiens qui le souhaitent à fournir un hébergement temporaire à une personne, un couple ou une famille LGBTQ+, le temps qu’ils se familiarisent avec leur pays d’accueil. Les hôtes canadiens sont aussi invités à les aider à trouver du travail, ainsi qu'à devenir une connexion locale pour les nouveaux arrivants, en les aidant à s’installer dans leur nouvelle ville.

L’objectif est de leur donner les outils et de créer un réseau de soutien, en plus d'établir une communauté à travers laquelle ils pourront s'aider les uns les autres, explique Andrew Kushnir.

Une série de défis

De son côté, Andrii Zarytskyi témoigne des difficultés auxquelles il a été confronté en arrivant au Canada. Pour ma mère le défi c’était l’anglais, car elle ne parle pas la langue. Je dois l'accompagner chez le docteur, et à la banque, pour faire la traduction, dit-il.

Nous ne connaissions personne ici au Canada et c'était difficile de se retrouver dans la ville, difficile de comprendre comment fonctionne le système de transport. C'était difficile aussi de trouver un logement, car les propriétaires demandent au moins deux mois de loyers, déplore-t-il.

Mais selon lui, les nouveaux arrivants ont prioritairement besoin d’aide psychologique, en raison du stress et du traumatisme de la guerre dans leur pays. Il ajoute que les réfugiés ont aussi besoin d'aide pour obtenir les documents administratifs, ainsi que des conseils pour choisir un opérateur téléphonique et une banque.

Andrii Zarytskyi estime que le projet Friendly Homes donne de l'espoir aux gens, car il offre une meilleure compréhension de ce qui se passe ici et de ce à quoi ils peuvent s'attendre.

Moi qui ai l'expérience, je suis volontaire pour aider les gens à s’installer, afin de rendre leur arrivée moins stressante, raconte Andrii Zarytskyi avant de conclure : Je peux aider à rendre leurs vies un peu plus facile, donc ça me réconforte aussi.