« Je ne m’attendais pas à me sentir chez moi si rapidement », dit un demandeur d’asile

Radio-Canada 21 fevrier 2023

Des demandeurs d’asile installés à Cornwall, en Ontario, tentent tant bien que mal de se faire une place dans le système d’immigration canadien, dans l’espoir d’une vie meilleure. Ils font partie des quelque 779 personnes installées dans des hôtels, la plupart venues du Québec.

David Olorunleye est arrivé au Canada en août dernier. Il raconte avoir quitté sa maison au Nigeria en mars, avant de transiter par les États-Unis, pour ensuite traverser la frontière canadienne.

C'était effrayant parce que j'étais seul. Je ne savais pas ce qui allait se passer, confie-t-il.

Il a quitté le Nigeria puisqu’il ne s’y sentait pas en sécurité en tant qu'homme homosexuel.

Je suis très reconnaissant envers le Canada. Je ne m'attendais pas à me sentir chez moi si rapidement, lance-t-il.

La semaine dernière, le maire de Cornwall, Justin Towndale, a affirmé ne pas être en mesure de répondre aux besoins de tous les demandeurs d’asile qui se font de plus en plus nombreux dans la petite ville ontarienne. Il demande au fédéral de rembourser les coûts liés à leur accueil.

Dans un courriel envoyé à CBC, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) explique que Cornwall est l’une des quatre villes ontariennes qui ont été ciblées pour accueillir les demandeurs d’asile venus du Québec, de même qu’Ottawa, Niagara Falls et Windsor. Le but est de soulager la pression sur la province qui accueille déjà la plupart des demandeurs d’asile en raison du désormais célèbre chemin Roxham.

Lundi, le premier ministre François Legault a envoyé une lettre au gouvernement Trudeau, afin de lui demander de rediriger tous les demandeurs d’asile dans les autres provinces. Il affirme que le Québec en a déjà fait suffisamment.

De son côté, IRCC indique qu'il travaille avec les municipalités et les provinces pour aider à fournir des logements temporaires, et qu'il est prêt à leur fournir plus d’aide.

À la recherche d’une nouvelle vie

Lors de son passage à Cornwall, CBC News s’est aussi entretenu avec des demandeurs d’asile afghans qui ont quitté leur pays puisqu’ils craignaient pour leur vie. Derrière eux, ils ont laissé famille, travail et études : toutes des choses qu’ils espèrent retrouver au Canada.

J'ai obtenu mon baccalauréat en administration des affaires, mais j'aimerais poursuivre mes études au Canada. Mais en tant que [demandeur d’asile], je ne vois aucune possibilité de le faire, explique un homme originaire d'Afghanistan, dont CBC a tu l’identité puisqu’il a encore de la famille là-bas.

Ce dernier travaillait avec l'ancien gouvernement afghan avant que les talibans ne prennent le pouvoir, ce qui l’a forcé à quitter le pays.

Il s'est d'abord rendu au Brésil, puis aux États-Unis où il a traversé la frontière du Québec, avant de se retrouver à Cornwall.

Mohammad Salim est quant à lui arrivé dans la ville ontarienne en septembre. Il se rappelle de ce périple.

Il y avait des jours difficiles [...] et aussi des jours agréables, raconte-t-il.

Je pensais à ma famille. Ma mère, mon père et mes trois enfants. C'était donc un moment difficile pour moi, ajoute-t-il.

Ce dernier vient d’obtenir son permis de travail et il espère trouver un emploi très bientôt, ce qui lui permettra de faire venir ses proches.

J'ai pensé qu'il fallait que j’aille quelque part où je pourrais au minimum subvenir à mes besoins et où je pourrais amener ma famille, afin qu’elle puisse avoir une éducation et un meilleur avenir.

Incertitude

Tous les réfugiés rencontrés par CBC doivent désormais vivre dans l'incertitude, le temps de se frayer une place dans le système d’immigration canadien.

David Olorunleye a obtenu une date pour son audience afin de déterminer s’il pourra rester au Canada, mais il connaît beaucoup de personnes pour qui ce n’est pas le cas. Il espère que l’attente sera brève.

J'espère reprendre ma vie dès que possible, dit-il. Je souhaite retourner à l'école dès que possible, terminer mon diplôme et trouver un emploi, ajoute le jeune homme qui rêve de devenir enseignant.