Brigitte Trahan Le Nouvelliste 6 fevrier 2023
Ils sont partis d’Europe, du continent africain, d’Amérique du Sud ou d’Asie pour venir se tailler, avec courage, une vie au Canada. Il leur a fallu apprendre une nouvelle langue et apprivoiser une nouvelle culture. Chaque lundi, Le Nouvelliste vous présente l’histoire de Betzayda, de Thomas, de Zhi Qiang, de Maad, et d’autres nouveaux arrivants qui ont choisi la Mauricie pour se faire de nouvelles racines en apportant avec eux toute la richesse de leur culture. Voici l’histoire de leur remarquable détermination.
Une femme africaine, immigrée en 2007 au Canada, a permis à de nombreuses femmes de son continent devenues citoyennes de la Mauricie de se rassembler pour améliorer leur intégration socioprofessionnelle et développer de la confiance en elles dans leur projet respectif d’entrepreneuriat.
Cette femme, c’est Elvire Toffa qui s’est fait connaître à Trois-Rivières grâce à son entreprise, Casafriq sur la rue des Forges, qui a ensuite fermé ses portes dans la foulée des travaux de rénovation de la salle J.-A.-Thompson en 2018.
Elvire Toffa est une entrepreneure dans l’âme. Originaire de la Côte d’Ivoire avec la double nationalité du Bénin et maintenant la triple nationalité canadienne, elle est la huitième d’une famille de dix enfants, dont huit filles et deux garçons.
Titulaire d’un diplôme en informatique de gestion obtenu das son pays, Elvire Toffa s’était beaucoup impliquée aussi dans des œuvres humanitaires et coopératives que dirigeaient là-bas les Ursulines.
Avec ses sœurs, elle avait démarré une entreprise en événementiel.
À son arrivée au Québec, en 2007, Elvire Toffa a suivi des formations en communication sociale à l’UQTR. Sa grande force, en effet, c’est l’écriture et la communication.
L’idée de démarrer une boutique lui est venue tout naturellement après son arrivée au Québec, un projet qu’elle ne pouvait toutefois pas réaliser avec ses sœurs cette fois, évidemment. Elle a donc invité des femmes africaines à venir travailler chez elle. Cette boutique, Casafriq, qu’elle appelait aussi la Case à Elvire, ouvre donc ses portes sur la rue Sainte-Madeleine. Très vite toutefois, Mme Toffa veut se rapprocher du centre-ville, puisque la plupart des clientes qu’elle cible n’ont en effet pas de voiture. Elle s’installe donc sur la rue des Forges.
Casafriq offrait une foule de produits et de services que les femmes d’origine africaine apprécient grandement, dont des soins et des produits capillaires spécialisés pour la texture des cheveux afros ou afrométissés. Le commerce contenait donc un salon de coiffure de même qu’une boutique de vêtements d’inspiration africaine et un studio de danse africaine.
Mme Toffa a d’ailleurs très souvent enseigné la danse africaine dans les écoles de la région et l’enseignait même gratuitement dans les écoles que fréquentent ses trois enfants.
Pour les autres produits et services de Casafriq, ils étaient dispensés et vendus par des femmes issues de l’immigration et le commerce de Mme Toffa est devenu une espèce de croisement entre un Etsy et un incubateur de petites entreprises.
Elvire Toffa encourageait en effet les femmes à démarrer leur entreprise à partir de leurs idées et des produits qu’elles venaient vendre dans la boutique, aussi humbles soient ces projets en apparence. Elle faisait même de la francisation avec certaines d’entre elles.
De là, il n’y a eu qu’un pas à franchir pour qu’Elvire Toffa collabore à la mise sur pied du Regroupement des amazones d’Afrique et du monde (RAMM) lequel tenait toutes sortes d’activités favorisant l’intégration des participantes.
En juillet 2015, Elvire Toffa organise aussi la première édition de la JIFA ou Journée internationale de la femme africaine.
La JIFA, dont la dernière édition réunissait 250 participantes, permet aux entrepreneures immigrantes issues de l’Afrique de présenter leurs créations au public pendant tout un avant-midi tandis que la journée est couronnée d’un gala haut en couleur en soirée.
Ces femmes étaient chaque année jumelées avec des femmes d’affaires de la région, sauf lors de la plus récente édition. Produits capillaires, sucreries, traiteurs, coiffures artistiques, tous les métiers et talents se côtoient durant cette activité qui est devenue une véritable rampe de lancement pour plusieurs de ces entrepreneures en herbe.
«Ça brise l’isolement, ça motive le leadership et ça favorise l’intégration socioprofessionnelle des femmes issues de la diversité», résume Mme Toffa qui songe à relancer sa boutique éventuellement.
En attendant, elle aide les femmes autrement en travaillant pour l’organisme Le Pont. Son expérience professionnelle et personnelle permet d’apporter du soutien aux femmes qui sont à la recherche d’un emploi dans la région.