Radio-Canada 19 octobre 2022
Le consulat du Mexique à Toronto a récemment informé que 63 Mexicains ont été « secourus » lors de deux raids distincts de forces de l’ordre dans le nord de Toronto et à Thorold, à l’ouest de Niagara Falls au cours du mois de septembre. Ces personnes auraient été victimes de travail forcé.
Dans deux communiqués publiés le 3 octobre et le 5 octobre sur Twitter, la représentation diplomatique indique que ces personnes sont de possibles victimes de traite de personnes à des fins de travail forcé.
D’une part, 49 citoyens mexicains ont été retrouvés dans un entrepôt abandonné lors d'une descente de police le 22 septembre.
Le raid a eu lieu dans le nord de Toronto, selon le communiqué qui ne fournit pas d’emplacement précis ni n’indique quel service de police a mené le raid.
Les autorités avares en commentaires
Le consulat mexicain n'a répondu à aucune question ni donné d'informations plus précises sur le raid ou les personnes impliquées.
Le communiqué indique qu'une assistance consulaire a été proposée aux personnes retrouvées.
Le réseau CBC a contacté Affaires mondiales Canada pour connaître sa réaction à l'affaire. Le ministère fédéral a répondu en disant : Nous pensons que votre requête serait mieux traitée par l'autorité policière locale.
La Croix-Rouge canadienne confirme qu'elle a fourni un soutien, y compris un hébergement sécuritaire, des repas et des services personnels. L'organisation dit qu'elle ne fournit pas plus de détails par respect pour la vie privée des Mexicains.
Un autre communiqué de presse publié par le consulat le 3 octobre indique que 14 femmes mexicaines ont été retrouvées dans une maison à Thorold, en Ontario, après une descente de la police régionale de Niagara.
Le communiqué indique que les femmes étaient des travailleuses et vraisemblablement des victimes de la traite d'êtres humains. Il indique qu'ils ont été remis à l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et qu'une assistance consulaire leur a été offerte.
Comme pour le raid du 22 septembre, le consulat n'a pas fourni plus de détails sur les Mexicaines impliquées, y compris leur statut et l'endroit où elles se trouvent. L'ASFC n'a pas encore répondu aux questions de CBC sur l'affaire.
Interrogée sur les raids et les citoyens mexicains en question, la police régionale de Niagara a dirigé vers des informations publiées à la fin du mois dernier concernant une enquête multijuridictionnelle sur le crime organisé appelée Project Gateway, qui s’est étendue sur 10 mois.
Le 14 septembre, la police de Niagara affirme que des raids ont été menés à plusieurs endroits dans le Sud de l'Ontario, y compris à Thorold.
La police allègue que plusieurs des suspects appréhendés et accusés ont employé des travailleurs étrangers dans des centres de production de cannabis et des hôtels et se sont livrés à d’autres activités criminelles dont le trafic de drogue et la contrebande transfrontalière.
Cependant, parmi les nombreuses accusations auxquelles les 20 suspects font face, aucune n'est directement liée à la traite des êtres humains.
Quel avenir pour les Mexicains retrouvés?
L’avenir des personnes retrouvées lors des raids reste flou. On ne sait pas où elles se trouvent actuellement ni comment elles vont, car le consulat ne fournit pas plus de détails sur les raids ou le statut des victimes présumées.
Selon un défenseur des droits des travailleurs migrants, les Mexicains risquent de se retrouver dans une situation pire et peuvent même finir par être expulsés du pays ou mis derrière les barreaux.
Syed Hussan, directeur général de l’organisme Migrant Workers Alliance for Change, dit de son expérience passée que les perquisitions de leurs employeurs ou de leurs domiciles ne profitent pas toujours aux travailleurs migrants.
Ils perdent leurs revenus, ils perdent leurs biens, ils ne peuvent récupérer aucun autre salaire. Ils sont souvent expulsés. Dans certains cas, ils sont emprisonnés, déclare-t-il en entrevue.
Même s'il y a des abus concernant les emplois, les salaires ou les conditions de vie des travailleurs, M. Hussan dit qu’une négociation avec les employeurs, des poursuites civiles ou des plaintes auprès du ministère du Travail de l'Ontario peuvent apporter de meilleures solutions.
La police n'a pas la capacité de prendre l'argent de l'employeur et de vous le donner, fait-il remarquer.
En fin de compte, selon Syed Hussan, les travailleurs seraient mieux servis par des modifications aux lois sur le travail et l'immigration qui leur donneraient plus de droits et plus de voies vers le statut d'immigration légale.
Le langage que nous utilisons, que le mouvement des travailleuses du sexe utilise également, c'est : ''Nous voulons des droits, pas des secours.'' ajoute-t-il.