Un premier salon de l’emploi pour demandeurs d’asile se tient à Montréal

Radio-Canada 2022-12-13 

Le gouvernement du Québec et l'organisme Accueil liaison pour arrivants (ALPA) tiennent mardi à Montréal le tout premier salon de l'emploi destiné aux demandeurs d'asile. Plus de 1600 d'entre eux ainsi qu'une trentaine d'employeurs y participent.

Une telle participation est au-delà des attentes, a déclaré Marie-Laure Conan, directrice générale de l'organisme ALPA, en entrevue mardi à Tout un matin sur ICI Première.

Cette journée de maillage, qui a lieu dans l'est de Montréal, a été organisée par l'ALPA à la demande du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale ainsi que de Services Québec, qui financent l'événement.

Au nombre des entreprises participantes, trois d'entre elles se sont positionnées pour accompagner les demandeurs d'asile, a expliqué Mme Conan : la Ville de Montréal, la Banque Nationale et Métro-Richelieu. Ce sont nos trois partenaires ambassadeurs dans le cadre de ce salon.

Les autres employeurs présents à ce salon proviennent tant des secteurs public que privé; on y retrouve par exemple la MRC de Montmagny, le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l 'Ile-de-Montréal, Amazon ou encore Couche-Tard.

D'autres employeurs y sont de manière virtuelle : la Commission scolaire Central Québec, Regroupement des centres de la petite enfance des régions de Québec et Chaudière-Appalaches, IKEA, etc.

Les demandeurs d'asile participants proviennent principalement d'Haïti, du Mexique et de la Turquie, affirme la directrice d'ALPA. Ils détiennent un permis de travail ou sont sur le point d'en avoir un. Pendant le temps que leur demande est à l'étude, ils ont tout à fait le droit de travailler dans les entreprises québécoises.

Jusqu'à 60 000 demandeurs d'asile entrent au Canada chaque année, selon Mme Conan. Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre, c'est bien important qu'on puisse profiter de cette main-d'œuvre-là qui est disponible parce que, oui, ils ont le droit de travailler au Québec.

L'utilisation d'une plateforme interactive permet de mettre les demandeurs d'asile en contact avec les entreprises. Cette application mobile permettra à l'ALPA de rendre pérenne cette opération de maillage professionnel, dit Marie-Laure Conan : les entreprises ont besoin d'avoir sur une base continue l'occasion de recruter les demandeurs d'asile.

Les préférences linguistiques

L'ALPA offre depuis près de 40 ans des services d'intégration, d'aide à l'emploi et de francisation aux personnes immigrantes : 70 % des gens qui bénéficient des services de l'organisme parlent français, dit Mme Conan. Les autres langues les plus fréquemment parlées sont l'espagnol et le créole.

L'application mobile, utilisée dans le cadre du salon, permet d'illustrer le choix linguistique des participants, explique la directrice d'ALPA. Ainsi, les employeurs sont mis en contact avec les candidats en fonction de leurs préférences linguistiques.

En 2021, immigrants reçus et résidents permanents représentaient 23 % de la population, soit la plus forte proportion observée dans l’histoire du pays, selon Statistique Canada.

Toujours selon les données tirées du plus récent recensement, plus des deux tiers des nouveaux arrivants n'ont ni le français ni l'anglais comme langue maternelle. Cependant, la quasi-totalité d'entre eux affirment être en mesure de tenir une conversation dans l'une ou l'autre des deux langues officielles.

Le chemin Roxham

Marie-Laure Conan affirme que bon nombre des demandeurs d'asile qui recourent à l'ALPA sont arrivés par le chemin Roxham. Situé au Québec, ce chemin est emprunté par quantité de migrants désireux d'entrer au Canada.

Des données rendues publiques par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), et couvrant une période allant du 30 juin au 6 octobre 2022, ont révélé que plus de 2000 demandeurs d'asile, arrivés par le chemin Roxham, ont été transférés par le gouvernement fédéral vers l'Ontario. Le coût de ces opérations de transfert est évalué à un peu moins de 11 millions de dollars par l'IRCC.

Cette pratique a été mise en place à la suite de demandes répétées de Québec. Le gouvernement de François Legault a en effet soutenu que ses services ne pouvaient plus répondre à la demande, en forte hausse depuis la réouverture du chemin Roxham en novembre 2021.