Le processus d’accueil pourrait être assoupli, croit un expert

(Calgary) Une nouvelle étude recommande que le Canada modifie sa politique en matière de visas afin d’accélérer l’admission des réfugiés ukrainiens, qui a considérablement ralenti.

Publié à 11h49Partager   

BILL GRAVELAND

LA PRESSE CANADIENNE

L’étude de l’École de politiques publiques de l’Université de Calgary, publiée jeudi, indique que comparativement à d’autres pays, le Canada a accueilli un petit nombre des millions d’Ukrainiens qui ont été déplacés depuis que la Russie a envahi ce pays d’Europe de l’Est en février.

« Les demandes des Ukrainiens commencent à dépasser de loin le nombre qui est accordé par le gouvernement canadien et nous n’avons même pas un portrait vraiment clair du nombre d’Ukrainiens qui sont accueillis au pays », a déclaré l’auteur de l’étude, Robert Falconer.

Les statistiques montrent que le programme « Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine », destiné à accélérer le processus de visas et de permis de séjour temporaires pour les Ukrainiens et leurs familles, n’est pas suffisant, a-t-il déclaré. Au 22 juin, environ 190 000 Ukrainiens avaient des demandes en attente pour venir au Canada, contre 140 000 environ un mois plus tôt.

Le professeur Falconer estime que ce programme, qui exige que ceux qui arrivent détiennent un visa, est responsable du retard du Canada par rapport à d’autres pays, notamment l’Irlande, qui a renoncé à cette obligation de visa.

« Devant un comité des Communes, l’une des objections [à l’assouplissement] était que si nous laissons entrer les Ukrainiens, les espions russes s’en serviraient pour infiltrer le système, a-t-il déclaré. L’espionnage russe existe, mais le canal des réfugiés est l’un des moyens les plus inefficaces pour tenter d’infiltrer un espion russe dans le pays. »

Selon M. Falconer, les agences fédérales responsables de la sécurité publique et du renseignement pourraient très bien, avec des ressources appropriées, gérer les risques de sécurité impliquant le processus de visa. Il recommande à Ottawa d’adopter le modèle irlandais, ou un autre « modèle à l’arrivée », pour effectuer les vérifications menant au visa une fois que les gens sont arrivés au pays — ce que font déjà de nombreux pays, selon lui.

« Lorsque vous arrivez à l’aéroport, vous devez attendre un petit moment pendant que des responsables gouvernementaux effectuent les contrôles de sécurité », a déclaré M. Falconer.

« On procède à des évaluations de risques et on peut déjà probablement permettre l’entrée de cet enfant de huit ans, qui n’est probablement pas un espion russe, alors qu’un homme non accompagné dans la mi-vingtaine […] on peut le retenir pendant que l’on vérifie ses antécédents et qu’on le laisse entrer.

« Laissez-les d’abord arriver ici en lieu sûr, puis traitez-les à partir de là », recommande-t-il.

Selon le professeur Falconer, une écrasante majorité de Canadiens appuie l’accueil d’un grand nombre de réfugiés ukrainiens, et le Canada compte le pourcentage le plus élevé de personnes d’origine ukrainienne en dehors de l’Ukraine et de la Russie.

L’étude qu’il a pilotée indique que le Canada et le Royaume-Uni ont des processus similaires pour l’admission des réfugiés ukrainiens — et que les chiffres sont comparables. Ainsi, environ 13 fois plus de réfugiés ukrainiens par habitant sont arrivés en Irlande qu’au Royaume-Uni au cours des deux premiers mois de l’invasion russe.

M. Falconer a indiqué que les conclusions de son étude seront transmises au gouvernement fédéral, mais il n’est pas certain que cela entraînerait un assouplissement des exigences à l’immigration. « Je pense qu’ils sont probablement au courant. Je pense qu’ils sont très, très, très préoccupés – moins par les Ukrainiens que par la situation de l’immigration en général. »