François Bergeron • L’Express • 29 août 2022
Une dizaine de «piliers» de la communauté noire en Ontario français joignent leurs forces «contre le racisme et sa nature systémique», dans le cadre d’un projet baptisé Action + Dialogue qui mènera à un forum provincial au début de 2023.
L’équipe veut «créer des opportunités de partage» permettant de favoriser «une meilleure compréhension des disparités et difficultés systémiques que vivent les communautés afro-descendantes». Et «proposer des actions concrètes et viables pour remédier à la réalité omniprésente du racisme envers les Afro-descendants».
On examine notamment nos systèmes de santé, d’éducation, de services sociaux et de justice.
Point Ancrage Jeunesse
Mené par l’organisme Point Ancrage Jeunesse, basé à Toronto, avec le Centre d’innovation Éduc-raciale, dont l’adresse est à Ottawa, le projet est subventionné par le ministère ontarien des Affaires civiques et du multiculturalisme à hauteur de 99 940 $.
Le 20 mai dernier, un comité aviseur a été mis en place «dans le but d’avoir la meilleure compréhension possible des enjeux de cette initiative et d’encadrer le projet afin d’atteindre les objectifs escomptés».
Le relationniste Joe Tamko fait valoir que «c’est la première fois depuis plusieurs années que des piliers de cette communauté joignent leurs forces sur un projet commun afin de créer ensemble une amélioration significative pour la communauté».
C’est tout particulièrement la jeunesse noire qu’on veut aider ici.
Un réseau provincial
Les membres du comité aviseur du projet Action + Dialogue sont:
- Edwige Ngom, fondatrice et présidente de Point Ancrage Jeunesse (PAJ);
- Fété Ngira-Batware Kimpiobi, directrice générale de SOFIFRAN (Solidarité des femmes et familles interconnectées francophones du Niagara);
- Marlène Rémy Thélusma, présidente et fondatrice de Kay Créole (Toronto);
- le bédéiste d’Ottawa Body Ngoy, président de Boxia;
- Jerry Masiya, directeur général de la Place du partage, à Ottawa;
- Ngalua Kalunda, fondatrice de NK Consultation;
- Rahma Hashi, directrice à Centre d’innovation Éduc-raciale (CIER);
- Jephtee Elysée, directrice générale associée au Conseil économique et social d’Ottawa Carleton (CÉSOC).
Le projet Action + Dialogue rassemble des chefs d’organisations au service des jeunes Noirs de plusieurs régions de l’Ontario français.
Concevoir des outils de formation
Cinq groupes focus en ligne ont déjà été réalisés sur «les manifestations du racisme dans la communauté». Au total, 32 personnes y ont participé. Le recrutement s’est fait via les médias sociaux et le réseau des membres du comité aviseur.
Selon Joe Tamko, «ces groupes focus ont permis d’identifier des pistes de réflexions et d’actions qui permettront de concevoir des outils de formation qui seront par la suite mis à la disposition de tous».
Le comité s’attelle maintenant à la préparation du forum provincial Action + Dialogue prévu au 1er trimestre de 2023. Un «outil de formation issue de ces réflexions» sera dévoilé au grand public lors de ce forum.
Après le forum?
Le financement provincial ne couvrant qu’un an de travail, les organisateurs espèrent prouver qu’il serait utile de poursuivre sur la lancée et de continuer de financer, par exemple, «des outils pédagogiques en lien avec le racisme systémique».
Ils tiennent pour acquis que le racisme systémique envers les Noirs est «omniprésent» en Ontario. Mais on ne qualifie pas cette omniprésence. Pire ou moins pire que dans le passé? Pire chez les francophones que chez les anglophones? Pire à Ottawa ou à Windsor qu’à Toronto?
«Le racisme systémique est une réalité, et nous voulons y mettre fin tous ensemble, main dans la main, avec amour, compassion et une grande détermination», explique Joe Tamko.
C’est vrai que «de nombreuses avancées ont été réalisées», dit-il. «Mais vu l’ampleur du travail à réaliser, cela reste toujours une goutte d’eau dans l’océan.»
Toutefois, considérant que les membres d’Action + Dialogue poursuivent leur travail dans la communauté, le projet ne représenterait que «la pointe de l’iceberg».