Radio-Canada 28 septembre 2022
Des organismes canadiens sollicitent l'aide de l'Organisation des Nations unies (ONU) afin que le gouvernement de Justin Trudeau reconnaisse l'existence d'une discrimination ciblée envers les personnes de race noire dans la fonction publique fédérale.
Le secrétariat du recours collectif pour les fonctionnaires noirs et Amnistie internationale Canada ont annoncé, mercredi après-midi, avoir déposé une plainte officielle auprès du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme.
On demande justice pour des milliers de Canadiens noirs qui ont été exclus de la fonction publique ou admis seulement pour vivre des épreuves économiques et psychologiques en raison du racisme anti-Noirs systémique, a déclaré Nicholas Marcus Thompson, le directeur général du secrétariat.
Dans le document soumis, les deux organismes réclament entre autres l'ouverture d'une enquête indépendante sur la discrimination systémique envers les Noirs et l'élaboration d'un plan qui permettra d'augmenter les opportunités d'embauche pour les personnes noires au sein de la fonction publique fédérale.
Dans le passé comme aujourd'hui, des personnes noires se sont fait refuser à l'embauche ou pour l'obtention d'une promotion à cause de leur race. Le Canada a violé leurs droits, soutient Ketty Nivyabandi, la secrétaire générale du volet anglophone d'Amnistie internationale Canada.
Selon elle, une partie de la problématique vient de la Loi sur l'équité en matière d'emploi, qui reconnaît seulement quatre groupes minoritaires dont l'inclusion doit être assurée sur le marché du travail, soit les femmes, les Autochtones, les personnes handicapées et les minorités visibles.
Regrouper toutes les minorités visibles ensemble cache la discrimination envers les employés noirs, estime Mme Nivyabandi.
Le député libéral de Hull-Aylmer, Greg Fergus, souligne pour sa part que cet enjeu de reconnaissance de la distinction des personnes noires pourrait être réglé sous peu.
On a lancé un processus pour faire le changement à la législation. Un rapport est à venir en 2023 et je suis très confiant que la conclusion sera que c'est un changement nécessaire, explique-t-il.
Les libéraux accusés de freiner la justice
Rappelons qu'en décembre 2020, le syndicat du recours collectif avait aussi déposé une poursuite contre le gouvernement canadien. Environ 70 % des 1300 plaignants sont des femmes.
Depuis, le processus a peu avancé en cour. Les individus derrière les procédures judiciaires pour les fonctionnaires noirs accusent d'ailleurs le gouvernement de Justin Trudeau de le ralentir afin de décourager les victimes.
Les Noirs au Canada vont devoir attendre très longtemps pour obtenir justice alors on se tourne vers la communauté internationale pour forcer le Canada à remplir ses obligations, insiste M. Thompson.
Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, est du même avis. Selon lui, les Libéraux doivent passer de la parole aux actes et indemniser les victimes.
Au nom de tous les néo-démocrates, j'aimerais exprimer ma complète solidarité envers le secrétariat du recours collectif noir. Leur appel pour la justice et l'équité est totalement justifié, assure-t-il.
De son côté, M. Fergus est d'avis que le dossier ne fait que suivre son cours normal devenant les tribunaux. Il est d'avis que les groupes minoritaires sont plus inclus que jamais au sein de la fonction publique fédérale depuis l'entrée en poste de son gouvernement.
Est-ce qu'il reste du travail à faire? Assurément, mais on continue avec beaucoup de bonne foi notre collaboration avec les communautés noires, conclut le député de Hull-Aylmer.