Romain Schué 20 novembre 2022
Attendre de longs mois avant d'avoir le droit de travailler sera bientôt chose du passé pour les demandeurs d'asile.
En toute discrétion, Ottawa vient de mettre en œuvre, cette semaine, une politique d’intérêt public temporaire visant à accélérer ce processus, à la demande notamment du gouvernement du Québec et de nombreux organismes.
Cette mesure devrait permettre aux demandeurs d’asile de recevoir un permis de travail environ un mois après leur arrivée en sol canadien par le chemin Roxham, contre plus d’un an à l’heure actuelle.
À ce jour, la procédure oblige les demandeurs d’asile à attendre leur entrevue de recevabilité, devant les agents frontaliers, qui leur permet d’avoir le document du demandeur d’asile, une étape indispensable pour l’obtention de leur permis de travail.
Actuellement, de tels rendez-vous sont donnés pour la fin de l’année 2023 ou début 2024. Des délais qui ne cessent d’augmenter depuis le début de la pandémie, notamment face à l’afflux record de demandeurs d’asile au Canada au cours des derniers mois.
Désormais, ces personnes n’auront plus à attendre cet entretien pour pouvoir travailler, mais devront toutefois subir un examen médical et se soumettre aux vérifications de sécurité habituelles.
Cela inclut les demandes d’asile actuellement dans l'arriéré et celles soumises à l'avenir, précise un courriel d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada envoyé à des organismes, dont Radio-Canada a obtenu copie.
Ce changement, en vigueur pour les 18 prochains mois, n’a fait l’objet d’aucune annonce publique ou conférence de presse.
Le gouvernement fédéral, selon nos informations, n’a pas voulu publiciser cette mesure temporaire pour ne pas inciter davantage de migrants à entrer de manière irrégulière au Canada.
Entre janvier et la fin du mois d'octobre, plus de 30 000 personnes sont entrées par le chemin Roxham, situé entre l'État de New York et la Montérégie. Jamais le Québec et le Canada n'avaient accueilli autant de demandeurs d'asile.
Québec salue l’initiative
L’accélération du traitement de ces demandes d’asile et des permis de travail est réclamée depuis des mois par le gouvernement de François Legault.
C’est un pas vers la bonne direction, souligne Alexandre Lahaie, le directeur de cabinet adjoint de la nouvelle ministre de l’Immigration du Québec, Christine Fréchette.
On est très contents, assure également Stephan Reichhold, le directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI).
Ce dernier reproche néanmoins au gouvernement fédéral de s'être traîné les pieds sur ce sujet. C’était long, on a perdu beaucoup de temps et on aurait pu mettre en place cette politique depuis longtemps, avance-t-il, en évoquant la détresse des familles touchées par ces longs mois d'attente.
Sans permis de travail, avec seulement environ 700 $ d'aide de dernier recours, c’était une mission quasi impossible pour trouver un logement. C'est vraiment une bonne nouvelle.