Radio-Canada 20 decembre 2022
Après le réveil brutal imposé par la pandémie de COVID-19 quant aux traitements subis par de nombreux aînés en Ontario, le Réseau de prévention de la maltraitance des aînés francophones de l’Ontario (RPMAFO) voit le jour afin d’endiguer un phénomène en croissance.
Au cœur de l’initiative : de la formation et de l’éducation pour mieux reconnaître les signes de maltraitance.
On est vraiment en retard et il faut qu’on accélère, lance Denise Lemire, présidente du RPMAFO.
Elle soutient que les francophones en Ontario n’ont pas accès aux mêmes ressources que les anglophones qui, par l'entremise de l’organisme Elder Abuse Prevention of Ontario, ont créé de nombreux comités locaux dans toute la province.
Ultimement, ce qu’on veut, c’est inscrit dans une stratégie canadienne qui s’appelle "Futur nous". On veut établir des comités locaux, des équipes. [...]. Nous, on travaille au niveau provincial, mais c’est vraiment le local qui fournit de l’aide et de la prévention, ajoute Mme Lemire.
Elle soutient qu’une trentaine d’organismes locaux existent déjà dans la population anglophone.
Lundi matin avait ainsi lieu la première journée de formation en ligne sur les questions de maltraitance. C’était un atelier de base sur la prévention de la maltraitance, mais c’est un atelier utile à beaucoup de personnes qui connaissent peu le sujet, souligne Mme Lemire.
Une maltraitance qui ne date pas d’hier
Certes, la pandémie a mis en lumière des problèmes structurels dont les premières victimes étaient les personnes aînées. Mais les problèmes de maltraitance existent depuis beaucoup plus longtemps, souligne Benedicte Schoepflin, directrice générale du Réseau canadien pour la prévention du mauvais traitement des aînés (RCPMTA).
Actuellement, une personne sur dix est victime d’une forme de maltraitance ou d’une autre, dit-elle.
Or, la qualité des réseaux de soutien au pays diffère d’une province à l’autre, note Mme Schoepflin.
Les réseaux, ce sont des ressources cruciales, et il n’y en a que six au pays. Certaines provinces ont des réseaux bien établis, comme l'Ontario et la Colombie-Britannique. Dans d’autres parties du pays, c’est moins solide ou il n’y a rien du tout. [C’est crucial] d’avoir de tels réseaux en place, car c’est un point de ressources important, explique-t-elle.
Au cours de la pandémie, le nombre d’appels reçus à la ligne d’aide pour les aînés de l’Ontario a augmenté de 250 %, selon Mme Schoepflin.
Selon elle, tout commence par l’éducation.
Du côté de l’Outaouais, 81 dossiers impliquant de la maltraitance ont été traités par le commissaire aux plaintes du CISSSO en 2021-2022.
Lors de l’analyse de ces dossiers, 57 signalements se sont avérés fondés et quatre de ces dossiers ont démontré une situation d’abus en plus de la maltraitance, peut-on lire dans le dernier rapport annuel du commissaire aux plaintes et à la qualité des services du CISSSO.