[Reportage] Les demandeurs d’asile pourront travailler plus rapidement

Samir Bendjafer Radio Canada 22 decembre 2022

« Les entreprises ne savent pas que les demandeurs d'asile ont le droit de travailler [au Canada]. »

C'est ce qu'a déclaré Marie-Laure Konan, directrice générale d’Accueil liaison pour arrivants (ALPA), un organisme communautaire spécialisé dans l'accueil et l'intégration socio-économique des immigrants et demandeurs d'asile.

Le demandeur d'asile peut travailler comme n'importe qui d'autre vivant légalement au Canada, a ajouté Mme Konan en entrevue avec Radio Canada International (RCI) lors du premier salon de l'emploi au Québec destiné aux demandeurs d'asile, le 13 décembre dernier, à Montréal.

Une fois qu'un demandeur d'asile traverse la frontière et remplit un formulaire de demande d'asile, il reçoit un permis de travail au bout de trois semaines.Une citation de Marie-Laure Konan, directrice générale de l'ALPA

Face à la pénurie de main-d'œuvre, les demandeurs d'asile peuvent représenter une solution pour les entreprises à la recherche de travailleurs qualifiés.

À la demande du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale du Québec, l’Accueil liaison pour arrivantsALPA a organisé ce salon dans le but de répondre à la pénurie de main-d'œuvre au Québec en créant des occasions de communication rapide entre les employeurs à la recherche d'employés et la main-d'œuvre à la recherche d'emplois compatibles avec ses qualifications.

La directrice de l'Accueil liaison pour arrivantsALPA souligne que les besoins des nouveaux arrivants et des demandeurs d'asile sont similaires.

Elle ajoute que son organisme a commencé à offrir ses services aux demandeurs d'asile avec l'arrivée d'un grand nombre de migrants irréguliers au pays par le chemin Roxham.

Situé au Québec, ce chemin est emprunté par beaucoup de migrants désireux d'entrer au Canada.

Nous avons été choisis car, depuis 2017, nous offrons des services d'accueil et d'intégration aux demandeurs d'asile qui arrivent par le chemin Roxham. Et nous l'avons fait parce que nos locaux ne sont pas loin du stade olympique où ils étaient logés, raconte Mme Konan.

Depuis ce temps, le dossier des demandeurs d'asile est devenu l'un des dossiers prioritaires de son organisme.

Lorsque le ministère a voulu avoir un partenaire pour ce salon, il a pensé à l'Accueil liaison pour arrivantsALPA, ajoute-t-elle.

Pour organiser l'événement, l’Accueil liaison pour arrivantsALPA a invité des partenaires du monde des affaires : le Conseil du patronat du Québec (CPQ) et la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).

Parmi les organismes communautaires, le Centre d'appui aux communautés immigrantes (CACI) et le Centre d’Accueil et de référence sociale et économique pour immigrants (CARI Saint-Laurent), tous deux à Montréal, ont participé aussi à l’organisation du salon.

La question des demandeurs d’asile est tellement importante et prend tellement d’ampleur qu’il était important pour nous de pouvoir mobiliser le communautaire et les employeurs, explique Mme Konan.

Le salon a été visité par près de 1600 demandeurs d'asile, selon la directrice de l'organisme qui offre ses services depuis près de 40 ans.

Quelques jours avant l'ouverture du salon, les participants pouvaient utiliser une application de recrutement sur leur téléphone portable pour prendre rendez-vous avec les recruteurs des entreprises présentes.

Lors de la tenue du salon, les demandeurs d'asile ont eu l'occasion d’avoir des entretiens, d'assister à des conférences et de participer à des ateliers.

Pas moins de 36 entreprises ont visité ce salon hybride qui comprenait une vingtaine d'entreprises en mode présentiel et 16 autres en mode virtuel.

Mme Konan a souligné que cet événement est important, car lorsque les demandeurs d'asile arrivent, ils n'obtiennent pas forcément les bonnes informations. Le but de ce salon est de bien les informer.

Accueil liaison pour arrivantsL'ALPA a imposé certaines conditions aux entreprises, comme la diversité et les salaires.

Les entreprises participant au Salon ne partiront pas avec les travailleurs sans que nous ne soyons sûrs que ceux-ci seront bien traités à tous les niveaux, et nous y veillerons, a-t-elle ajouté.

Pour elle, les entreprises seront gagnantes même si la demande d'asile du salarié est rejetée. L'entreprise peut bénéficier des services de ces salariés pendant au moins trois ans.

Conférences et ateliers

Les visiteurs du salon pouvaient aussi prendre part à des ateliers ou assister à des conférences.

Mina Bouchkioua a fait part de son expérience en tant que demandeuse d'asile.

Cette réfugiée marocaine est arrivée au Canada en 2019 et a frappé à la porte de l’Accueil liaison pour arrivantsALPA, qui l'a aidée à rédiger un C. V. pour trouver un emploi et à rechercher un logement, entre autres, a-t-elle déclaré.

Les demandeurs d'asile obtiennent soit beaucoup d'informations, soit très peu. Je leur conseille de contacter les organisations communautaires pour demander de l'aide, explique Mme Bouchkioua en entrevue avec Radio Canada InternationalRCI.

Il ne faut jamais se dire : "Je suis demandeur d'asile, donc je n'ai aucun droit." Vous devriez toujours vous considérer comme tout le monde au Québec.Une citation de Mina Bouchkioua

Note : ce reportage est également disponible en arabe et a été traduit en français par Fadi Harouny.