Un premier sommet sur la santé mentale des jeunes personnes noires à Toronto

Myriam Eddahia Radio Canada 8 fevrier 2023

Un symposium sur la santé mentale des jeunes Noirs prend place à Toronto pour la première fois pour rappeler l'importance de la représentativité et la nécessité d'obtenir plus de ressources pour la prestation de services. L'objectif : mieux outiller les intervenants du milieu.

Une vingtaine d'agences de santé mentale pour nourrissons, enfants et adolescents de Toronto ont formé un groupe de travail en 2020, après le meurtre de George Floyd, pour élaborer une stratégie pluriannuelle pour lutter contre le racisme anti-Noirs.

Près de 200 participants, en personne et en ligne, ont été attentifs aux présentations prévues pour mercredi à l'hôtel Westin Harbour Castle à l'occasion du symposium intitulé Honorer notre promesse : mettre fin au racisme anti-Noirs.

Le ministre adjoint de la Santé mentale et des Dépendances, Michael Tibollo, figure parmi les panélistes.

Cette journée a donné lieu à des échanges pour répondre aux besoins en santé mentale des jeunes Torontois noirs.

On tente d'offrir plus de sensibilisation et de connaissances aux personnes qui n'ont peut-être pas d'expérience avec ce que vivent les personnes noires et leurs familles. On se penche sur les actions concrètes [que le secteur peut faire] pour changer la trajectoire de leurs vies, affirme la PDG de Strides Toronto, Janet McCrimmon.

Strides Toronto est une agence spécialisée en santé mentale, qui intervient notamment auprès des nourrissons, des enfants et des adolescents de la ville.

Les participants ont d'ailleurs épluché un rapport qui illustre les défis du secteur et les façons dont les organismes en santé mentale peuvent mieux venir en aide aux enfants noirs.

Représentativité dans la prestation de services

Le groupe de travail contre le racisme contre les personnes noires est composé d'employés d'organismes de Toronto.

Selon les organisateurs de la rencontre, l'objectif du sommet est de mettre fin au racisme anti-Noirs en offrant des programmes et des services adaptés à la culture des personnes noires, particulièrement les nourrissons, les enfants et les jeunes noirs.

On a encore du travail à faire pour rendre nos organisations plus diverses, constate la PDG de Strides Toronto.

Démanteler le racisme anti-Noirs nécessite un engagement concret, explique la professeure adjointe à l'Université de Toronto à Scarborough Notisha Massaquoi, qui a été travailleuse sociale pendant plus de 20 ans.

Les organisations qui se tiennent responsables envers les communautés noires qu'elles servent auront plus de succès dans leur travail, explique-t-elle au public visé.

Elle ajoute que l'augmentation de la présence des personnes noires dans le secteur de la santé mentale est une amélioration, mais qu'il ne faut pas seulement miser là-dessus.

Il faut réellement s'engager à comprendre en profondeur le racisme anti-noir au Canada [et pour ce faire], il faut savoir que plus de la moitié de la communauté noire au pays se trouve dans la grande région de Toronto, précise Notisha Massaquoi.

La présidente du sommet, Janet McCrimmon, estime qu'ils sont des milliers à avoir besoin de cette aide.

Une approche mieux adaptée

Il n'y a pas de plus grande erreur que de ne pas agir face à l'injustice, lance Janet McCrimmon.

Elle rappelle l'importance de la participation des personnes blanches au processus.

Quelqu'un m'a dit quelque chose qui m'a grandement touchée : les personnes blanches doivent régler ce problème parce qu'elles l'ont créé, dit-elle.

Janet McCrimmon, qui est une femme blanche, affirme comprendre à quel point les personnes blanches doivent contribuer à démanteler un système créé [par celles-ci] avec l'aide des personnes noires.

Essentiellement, le but de cette rencontre est de changer les politiques et les pratiques au sein du secteur de la santé mentale auprès des jeunes noirs, pour ne pas leur faire subir des frustrations et des traumatismes supplémentaires.

Les agences doivent faire un meilleur travail pour être plus sensibles et mieux adaptées aux clients qu'elles servent, souligne celle qui préside le sommet.

Certains clients se sentent jugés, ajoute-t-elle.

L'offre de meilleurs services aux jeunes noirs nécessite également une meilleure collaboration entre les experts et les agences du milieu, estime Janet McCrimmon.

La création d'un legs nécessite une prise de responsabilités, rappelle pour sa part Notisha Massaquoi.

On espère que c'est le début d'une série de changements concrets dans notre secteur et à Toronto, conclut Janet McCrimmon.